Donner au lieu de jeter. A y regarder de plus près, c’est fou le nombre d’objets qui mériterait d’être recyclés, mais qui, pour des raisons économiques, échappe aux circuits classiques des déchetteries.
Pourtant, ces déchets difficilement recyclables, se retrouvent dans un entrepôt de 2.000 m² à Troisvilles, près de Caudry, dans le Nord. Pourquoi Troisvilles ? « Parce que l’entrepôt se situe à proximité d’une déchetterie appartenant à Suez, partenaire de TerraCycle », signale la porte-parole de l’entreprise américaine qui organise la collecte dans toute la France, avec l’aide d’environ 5 millions de volontaires.
Douze millions de déchets sauvés de l’incinération
Voilà dix ans que TerraCycle sauve, chaque année, environ 12 millions de déchets voués à l’enfouissement ou à l’incinération, en France. Parmi la quarantaine d’objets collectés avec minutie, on trouve les traditionnels désodorisants ou capsules de café, mais aussi les collants, les stylos, et, plus surprenants, les collants, les tétines pour enfants, les brosses à dents ou les tubes de dentifrice.
« Nous travaillons avec des partenaires spécialisés dans le recyclage des matières, explique TerraCycle. Dans le cas des brosses à dents, on sépare les poils du manche. Chaque matière est chauffée et pressée pour obtenir des granules de plastique utilisées dans la fabrication de mobiliers extérieurs ou de bacs à fleurs. »
Des communes, des PME, des magasins de proximité et surtout des particuliers participent donc à ce vaste programme de recyclage en organisant la récolte. C’est le cas, par exemple, de Clothilde Andrusin, à Tourcoing, qui a découvert ce dispositif par le bouche-à-oreille.
Points convertibles en dons
Son cabinet paramédical se transforme régulièrement en point de collecte. « Entre novembre 2019 et mars 2020, j’ai pu envoyer plus de 30 kg de déchets à recycler. J’ai redémarré la récolte récemment et je ne cesse d’encourager les gens à venir déposer leurs brosses à dents et tubes de dentifrice usagés afin de leur donner une seconde vie », explique-t-elle. Cette récolte lui permet d’obtenir des points convertibles en dons pour l’association de son choix.
Seul bémol à ce cercle vertueux du recyclage : le prix de vente de la matière première recyclée n’absorbe pas encore les coûts de production. Fabriquer du plastique à partir de substances naturelles ou de dérivés chimiques reste aujourd’hui plus rentable économiquement que de faire appel aux matières issues du recyclage.
« Nous faisons appel au sponsoring de grandes marques pour financer nos opérations, souligne TerraCycle. Sans ces sponsors, le modèle économique ne serait pas viable ». C’est ainsi que certains programmes apparaissent et disparaissent au gré du volontarisme des partenaires. Actuellement, une vingtaine sont disponibles sur le site de TerraCycle.